Contre la modification de la Maison du Garde en hébergement pour classes vertes

Destinataire(s) : CPAS de Mons, Commune de Florenville
Contre la modification de la Maison du Garde en hébergement pour classes vertes

Madame la Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les échevins,


En tant que riverain(e) à proximité du/citoyen(ne) concerné(e) par ce projet, je vous formule, dans ce courrier, mes observations dans le cadre de l’enquête publique.

 


 

I. Site Natura 2000 – Habitats


Tout d’abord, si j'en crois les références apposées sur l'affiche d'enquête publique, une des parcelles (4ème division Section B 102 W) visées par le projet s’inscrit dans le site Natura 2000 BE34046 - "Bassin de la Semois de Florenville à Auby" (M.B. 11.07.2017), et la 2ème parcelle (4ème division Section B 102 V) se trouve donc à proximité immédiate de ce même site Natura 2000 – BE34046 - "Bassin de la Semois de Florenville à Auby" (M.B. 11.07.2017).

Or, les travaux envisagés par le projet, à savoir la transformation de la Maison du Garde (habitation vétuste) en un hébergement collectif de classe verte, apparaissent comme clairement incompatibles avec les objectifs de gestion du site. Les Epioux rassemblent des étangs à berges en pente douce et à battement du niveau de l'eau, abritant une importante population de Littorella uniflora et Eleocharis palustris et sont une zone de nourrissage régulier pour la Cigogne noire. La plaine est caractérisée par une mosaïque de prairies de fauche, de prairies alluviales et de reliques de prairies humides oligotrophes. Ce dernier habitat est devenu très rare en région wallonne suite au drainage et à l'intensification agricole. Un bocage bien développé accueille Pie-grièche écorcheur et milans. Quelques mares situées en prairie hébergent une population de Triton crêté.

Les travaux envisagés et l'usage qu'il serait ensuite fait de cet endroit y porteraient un immense préjudice et nuiraient à l’intérêt biologique de ce site.

Tous les sites Natura 2000, même non désignés, bénéficient d’un régime de protection primaire qui impose notamment que tout projet susceptible d’avoir un impact significatif sur le site Natura 2000 soit soumis à évaluation des incidences spécifiques. J'aimerais donc connaitre les résultats de cette évaluation d’incidences relatives à l’impact sur ce site Natura 2000 des travaux envisagés. Si cette évaluation n’a pas été réalisée dans le présent dossier, cela constitue un manquement grave à la procédure.


 

II. Espèces


Parmi les espèces protégées sur ce site, je relève particulièrement des chauve-souris, dont la Pipistrelle commune (PIPISTRELLUS PIPISTRELLUS) et, repéré dans l'un des appentis voués à la destruction, le Grand rhinolophe (RHINOLOPHUS FERRUMEQUINUM), dont le statut avéré de vulnérabilité a conduit à des actions de conservation visant principalement à, entre autres, protéger et aménager les gîtes de reproduction (le dit appentis, donc). Se trouvent également aux abords immédiats de la maison du garde des salamandres tachetées (SALAMANDRA SALAMANDRA), actuellement en péril en raison d'un pathogène très virulent, des orvets fragiles (ANGUIS FRAGILIS), et quantité de grenouilles et autres crapauds qui mériteraient, eux aussi, une identification officielle. Pour rappel, toutes les espèces de reptiles indigènes sont protégées par la loi du 12 juillet 1973 sur la conservation de la nature. Par ailleurs, chercher à assurer la pérennité des sites majeurs accueillant des batraciens et à établir, pour les espèces les plus menacées, des plans de sauvegarde adéquats, fait partie des objectifs poursuivis par la Wallonie.

Toute modification dans ce milieu serait préjudiciable aux espèces précitées, et tout particulièrement aux chauve-souris, espèce strictement protégée et dont la modification inévitable de leur gîte d'été compromettrait gravement la reproduction annuelle et les contraindrait à chercher un autre toit plus hospitalier. Ici encore, petit rappel de la législation à ce sujet :

La Loi du 12 juillet 1973 sur la conservation de la nature prise en application de la Convention de Berne, de la directive 92/43 sur la protection des habitats et espèces et de la directive 2009/147 sur la protection des oiseaux encadre la protection d'une série d'espèces sur le territoire wallon (annexes I à VII).

Les articles 2 à 3 bis de cette loi précisent les mesures de protection des espèces. Il y est notamment prévu l'interdiction de

•       perturber intentionnellement ou de mettre à mort des individus appartenant à une espèce animale protégée ;

•       détériorer ou de détruire les habitats naturels, aires de reproduction et aires de repos des espèces animales strictement protégées (à l'exception des oiseaux)

 


 

Je doute fortement que la transformation de la maison du garde en hébergement collectif de classe verte puisse se faire sans aucune modification ni aux combles, ni à la toiture, ni aux appentis adjacents, modifications qui contreviendraient à la loi mentionnée ci-dessus. Faire les travaux durant l'hiver ne pourrait contourner cette législation, puisqu'il y est clairement fait mention des aires de reproduction et de repos. Il n'est également pas possible de réaliser ces transformations sans détériorer l'habitat naturel des reptiles et autres batraciens ayant trouvé refuge aux abords immédiats de cette maison.


Par ailleurs, vivent également sur ce site depuis de nombreuses années des millions d'abeilles qui bénéficient ici d'un environnement exceptionnellement pur et protégé, loin de toute source de pollution. Je crains fort que la cohabitation enfants/abeilles ne soit des plus judicieuse, et il serait dommage de prétendre éveiller des jeunes à la nature en commençant par priver des abeilles d'un environnement idéal pour elles. Faut-il rappeler le statut de ces petits animaux et leur utilité pour la survie humaine ?


 

III. Divers


Le projet fait également mention de l'exploitation d'une prise d'eau souterraine existante, que restera-t-il de la pureté exceptionnelle de cette eau quand elle aura été soumise à toute la pollution générée par les travaux ? L'eau des Epioux est très prisée par, entre autres, de très nombreux riverains (pour ne pas dire électeurs), et il serait criminel de prendre le risque de polluer cette source qui bénéficie à tous depuis toujours.

 


 

IV. Conclusion


Eu égard à l’ensemble de ces observations, je suis défavorable à la réalisation d’un tel projet dans ce site. J’invite le demandeur à préférer des alternatives de localisation pour éviter des impacts significatifs sur les espèces présentes, protégées par la loi et dont le non respect est donc punissable par celle-ci. En effet, la destruction d'habitats d'espèces protégées est une infraction à la loi, un délit de troisième catégorie. Selon l’article D178 du Code de l'environnement, il peut entraîner une peine allant jusqu’à 6 mois de prison et/ou une amende de 800 000 euros.


 

Vous remerciant d'avance pour la prise en compte des éléments mentionnés dans ce courrier, je vous souhaite une excellente journée.


Auteur : Des citoyens contre le futur projet de transformation de la Maison du Garde des Epioux.

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