Crédits photo : Comité Palestine de Sciences Po Paris

Version française

(English below)

Nous, ancien.nes élèves de Sciences Po, déclarons soutenir sans équivoque les manifestations en solidarité avec le peuple palestinien et les étudiant.es de notre alma mater qui se sont battu.es pour faire entendre leurs voix en ce moment critique. Nous rejetons fermement la déclaration du président de Sciences Po Alumni, Pascal Perrineau, diffusée par e-mail le 14 mars 2024 suite à la manifestation du 12 mars 2024 à Sciences Po.

Contrairement à Pascal Perrineau, nous accordons beaucoup d’importance à la vérification d’un fait rapporté avant d’en tirer conclusion. Dans sa déclaration, il a porté de graves accusations d'« antisémitisme » contre les étudiant.es ayant organisé une manifestation pro-palestinienne dans l'Amphithéâtre Boutmy, sur la base de récits approximatifs et non vérifiés, alors même que les organisateurs et plusieurs membres de la communauté étudiante juive de Sciences Po ont eux-mêmes réfuté ces affirmations. Nous attendons une transparence totale de l’enquête lancée par Sciences Po, et si l'institution ne trouve aucune preuve d'actes antisémites, nous exigeons que Pascal Perrineau soit tenu responsable de la diffusion de désinformation et s'excuse auprès des étudiant.es dans une lettre publique.

Nous condamnons également la réaction disproportionnée de l'administration de Sciences Po contre les étudiant.es qui ont simplement exprimé leur désaccord avec le massacre qui se déroule à Gaza. Ces manifestant.es risquent maintenant de graves mesures disciplinaires alors même qu’ils ont fait preuve de plus de courage que multiples dirgeants mondiaux au cours des six derniers mois de ce génocide. 

À ce jour, Sciences Po a omis de condamner le massacre et le génocide des Palestinien.nes à Gaza par l’état Israël, qui ont tué plus de 30 000 personnes et blessé plus de 71 000. Sciences Po reste silencieux face à la destruction massive du patrimoine culturel, éducatif et spirituel de la Palestine. Sciences Po doit reconnaître les atrocités commises à Gaza et soutenir ses étudiant.es touché.es par ces événements. Nous pensons essentiel qu’une institution comme Sciences Po favorise un environnement où la liberté d'expression et le débat académique sont respectés, et où ses étudiant.es sont encouragé.es à avoir à des discussions ouvertes et honnêtes sur l’une des plus grandes questions morales de notre époque, sans crainte de représailles.

En conséquence, nous remettons en question les fondements de notre éducation à Sciences Po. Alors même que de nombreuses universités, dites d'élites, se présentent comme des lieux de déconstruction théorique des grandes questions et débats de notre époque, comme le féminisme, la décolonisation et la justice sociale, elles semblent avoir perdu leur boussole morale lorsqu'elles doivent prendre position en faveur de la cause palestinienne.

Par cette lettre, nous voulons faire comprendre à Sciences Po, à la communauté universitaire élargie, aux médias et à la classe politique que Pascal Perrineau et Sciences Po Alumni ne représentent en aucun cas la majorité des ancien.nes élèves de l'école. Ils ne parlent pas en notre nom, ni au nom des innombrables anciens élèves de Sciences Po qui demandent un cessez-le-feu immédiat et la fin de toute oppression et colonisation en Palestine. En tant qu'ancien.nes élèves, nous refusons d'être instrumentalisé.es pour réprimer les voix des étudiant.es appelant à la solidarité internationale, à la justice et à la fin des crimes contre la population de Gaza. 

Nous appelons Sciences Po à prendre des mesures concrètes, y compris une enquête impartiale sur les allégations, la cessation de la répression contre les étudiant.es, et un engagement public contre les violations du droit international par Israël. Nous refusons de rester silencieux face à l'injustice. Nous nous engageons à défendre ces principes fondamentaux et à lutter pour la justice et la liberté pour tous. Nous appelons tous les ancien.nes élèves de Sciences Po à se joindre à nous dans cette lutte pour rétablir l'intégrité de notre institution et défendre les valeurs qui nous ont été inculquées.

Conformément aux demandes formulées dans la pétition initiée par les étudiant.es du programme de masters en Droits de l'Homme et Action Humanitaire de Sciences Po, nous exhortons l'administration de Sciences Po à entreprendre les actions suivantes :

• Lancer une enquête approfondie sur les allégations avant d'adopter toute mesure ;
• Cesser la répression injustifiée des étudiant.es suite à la manifestation du 12 mars et exprimer leur solidarité avec eux par le biais d'une déclaration publique ;
• Émettre une déclaration publique dénonçant les graves violations du droit international par Israël au cours de son agression en Palestine ;
• Fournir aux étudiant.es palestinien.nes et du Moyen-Orient le soutien psychosocial dont ils ont besoin et qu'ils méritent en ce moment ;
• Fournir un matériel académique impartial sur les événements internationaux les plus pressants, sous forme de cours, de conférences, de séminaires, de conférences et plus encore ;
• Observer une minute de silence en hommage aux Palestinien.nes tué.es par le conflit en cours.

Nous sommes profondément déçu.es de voir que Sciences Po, qui se présente comme une institution formant des futurs dirigeants, a failli à ses principes en cédant à la pression de l'administration. Lors de ce moment historique et crucial, elle a abandonné la défense de la liberté d'expression, de l'égalité et de la diversité.

Nous appelons Sciences Po à écouter nos demandes et à agir en conséquence pour restaurer son engagement envers les valeurs fondamentales des droits de l’homme. Nous serons là pour veiller à ce que ces principes soient respectés et pour nous battre pour un avenir plus juste et équitable.

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English version

We, as former Sciences Po students, are making this public statement to express our unequivocal support towards demonstrations in solidarity with the Palestinian people and the students of our alma mater who have fought to make their voices heard in this critical moment. We categorically dissociate ourselves from the statement circulated via email on the 14th of March 2024, by the President of Sciences Po Alumni, Pascal Perrineau, following the 12th of March 2024 demonstration at Sciences Po.

Unlike Pascal Perrineau, facts matter to many of us associated with the school. In his statement, he levelled serious accusations of ‘anti-semitism’ against the students who organised a pro-Palestinian protest at Amphitheatre Boutmy based on approximate and unverified accounts, even though the organisers and several members of Sciences Po’s Jewish student community themselves have refuted these claims. We expect complete transparency on the outcome of any investigation conducted on this incident, and we demand that, if such an independent investigation finds no proof of antisemitic acts, Pascal Perrineau be held accountable for spreading misinformation and apologise to the students in a public letter.

We are also deeply appalled by the excessive and disproportionate reaction of the Sciences Po administration to these demonstrations. Students who have rightfully used their voices to speak up against the massacre unfolding in the Gaza Strip are now at risk of facing severe disciplinary measures. They have shown more courage than several world leaders in the last six months of this genocide. 

To this day, Sciences Po has failed to condemn the collective punishment and ethnic cleansing inflicted on the Palestinians in Gaza by Israel, which has killed over 30,000 people and wounded more than 73,000. Sciences Po has remained silent over the massive and systematic destruction of the rich cultural, educational, and spiritual heritage of Palestine and has fallen short of providing any support to students impacted by the conflict. We believe that it is essential for an institution like Sciences Po to foster an environment where freedom of expression and academic debate are respected and encouraged and where its students are empowered to engage in open and honest discussion on the greatest moral questions of our time, without fear of retaliation.

We are questioning the very basis of our education system, with many so-called elite universities priding themselves in the theoretical deconstruction of several crucial issues of our time through feminism, decolonisation, and social justice while indulging in the inexorable loss of their moral compass when they need to take a stance in support of the Palestinian cause.

As alumni, we refuse to be instrumentalized in suppressing the voices of students calling for international solidarity, justice and the end of the horrific crimes against the population in Gaza. We will not tolerate being associated with these accusations.

Through this letter, we want to make it clear to Sciences Po, the wider academic community, the media, and the political class that Pascal Perrineau and Sciences Po Alumni are in no way representative of the school’s wider group of alumni. They do not speak in our name, nor in the name of countless former Sciences Po students who are calling for an immediate ceasefire and an end to all oppression and colonisation in Palestine.

In accordance with the demands outlined in the petition initiated by students from the Human Rights and Humanitarian Action Masters Program of Sciences Po, we urge Sciences Po’s administration to undertake the following actions:

• Initiate a comprehensive investigation into the allegations before enacting any measures:
• Stop the unjustified repression of students following the March 12th protest and express solidarity with them through a public statement;
• Issue a public statement denouncing the severe violations of international law by Israel during the course of its aggression in Palestine
• Provide Palestinian and Middle-Eastern students with the psycho-social support they need and deserve at this time;
• Provide unbiased academic material on the most pressing international events, in the form of courses, lectures, seminars, conferences and more;
• Hold a minute of silence for the Palestinians killed in the ongoing conflict.

We are deeply ashamed to see that Sciences Po, which likes to portray itself as the cradle of world leaders, has baulked under pressure from its administration. In this crucially historic moment, it has failed to uphold principles of freedom of speech, equality, diversity, and pluralism. 

In the name of those principles, we will never be silent, we will never be complicit. We will always stand with those plagued by the scourge of injustice, oppression, occupation and apartheid regimes, and we will always take action towards the presence of justice and freedom for all human beings.