Le dernier rapport de l’ANSES[1][2] a fait l’effet d’une bombe dans les milieux de la santé et de l’environnement.
Et pour cause :
Plus d’un tiers de l’eau potable consommée en France est contaminée au métabolite du chlorothalonil, un résidu de pesticide interdit à la vente depuis 2020.[3][4]
Ce rapport faisant grand bruit en France ces derniers jours, le gouvernement n’a pas tardé à réagir et a déclaré qu’il n’y avait aucun risque pour la santé.[5]
Des déclarations plus que surprenantes quand on sait que ce pesticide[6][7] :
- est classé comme cancérigène probable par l’Autorité européenne de sécurité des aliments
- est considéré comme ayant une toxicité aiguë
- peut irriter les voies respiratoires
- peut provoquer des allergies cutanées
- peut engendrer de graves lésions des yeux
- peut mener à des lésions rénales, selon les études.
Il y a donc bien un risque pour nous consommateurs.
Mais ce n’est pas tout.
Ce rapport de l’ANSES, publié le 6 avril 2023, met aussi en avant la présence d’un autre métabolite de pesticide, le métolachlore ESA… dans plus de la moitié des échantillons prélevés ! Un pesticide qui aurait d’ailleurs dû être interdit à la vente si le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau ne s’y était finalement pas opposé ![8][9]
Notre eau potable continue donc d’être contaminée aux métabolites de pesticides comme le chlorothalonil ou le métolachlore ESA… mais elle est aussi contaminée par des résidus d’explosifs, ou par le 1,4-dioxane un solvant cancérogène, toujours selon le rapport de l’ANSES.[10]
Nous ne pouvons pas continuer à boire une eau contaminée. C'est notre santé qui est en jeu.
L'interdiction de l’utilisation de pesticides comme le chlorothalonil doit être respectée. Par définition, cela veut dire que ce pesticide NE PEUT PLUS être utilisé, même si certains agriculteurs ou certaines entreprises ont du stock !
De plus, des contrôles plus poussés et plus nombreux doivent être réalisés à la fois pour mesurer la qualité de l’eau, mais aussi pour faire respecter l’interdiction d’utilisation des pesticides.
Nous devons nous mobiliser ensemble afin de faire bouger les choses.
Car ces contaminations sont beaucoup trop fréquentes.
L’année dernière, Le Monde parlait déjà d’une contamination de l’eau potable par les pesticides et les métabolites sans précédent, et mettait en cause de graves manquements dans la surveillance de l’eau potable.[11]
En effet en 2021, 20% des Français ont reçu une eau non conforme aux critères de qualité.
Ce chiffre s’élevait “seulement” à 6% en 2020, selon le Ministère de la Santé et les données collectées auprès des agences régionales de santé.
Aujourd’hui selon le rapport de l’ANSES c’est donc un tiers de l’eau potable qui est contaminée…
Ces données sont pourtant à disposition de la direction générale de la santé, mais il semble que rien ne soit entrepris pour renverser la situation.
Michel Laforcade, ancien directeur général de l’Agence Régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine, estime d’ailleurs que les autorités ont “failli” dans leur gestion du danger des pesticides et leurs métabolites.
Et depuis plusieurs mois, les cas de contaminations d’eau potable se sont accumulés :
- À Antibes, une analyse a montré que l’eau potable était contaminée par du plomb. Un problème déjà survenu l’été dernier.[12]
- En Haute-Savoie, des habitants ont été privés d’eau potable suite à la contamination de l’eau par une bactérie.[13]
- Après avoir manqué d’eau potable à cause de la sécheresse cet été, plusieurs communes du massif des Bauges, en Savoie, n’avaient plus accès à l’eau potable à cause d’une pollution du réseau.[14]
- L’eau de la ville de Châteauroux est polluée et inconsommable, à cause d’une contamination à la bactérie E.Coli ! Résultat ? Interdiction de boire l’eau du robinet ! Juste avant cet événement, de l’eau non traitée s’écoulait des robinets de la ville. Il a fallu plusieurs jours avant que l’anomalie soit détectée ![15]
- Entre juin et septembre 2022, le petit village du Castelet (Alpes-de-Haute-Provence), n'avait plus accès à l’eau potable ! Une molécule provenant d’un pesticide a été retrouvée dans l’eau à un niveau 7 fois plus élevé que la limite réglementaire ! Impossible de la boire bien sûr, mais impossible aussi de faire cuire des pâtes, de préparer le café ou encore de laver ses légumes.[16]
Des exemples comme ceux-là, il y en a des dizaines et des dizaines.
L’eau est pourtant un constituant essentiel de notre organisme et doit être renouvelée régulièrement[17] :
- elle participe aux nombreuses réactions chimiques de l'organisme ;
- elle assure le transport d’un certain nombre de substances indispensables aux cellules et aux organes ;
- elle permet l’élimination des déchets ;
- elle aide au maintien d’une température constante à l’intérieur du corps ;
- elle est nécessaire à l’estomac et à l’intestin grêle pour faciliter la circulation et la digestion des aliments.
C’est pourquoi j’ai besoin de vous, pour qu'ensemble nous fassions bouger les choses !
Nous ne pouvons pas continuer à boire une eau contaminée. Chaque jour, c'est notre santé qui est atteinte.
C’est pourquoi nous demandons :
- que l'interdiction de l’utilisation de pesticides comme le chlorothalonil soit respectée, et que des mesures de sanctions soient prises contre les agriculteurs ou les entreprises allant à l’encontre de cette interdiction.
- que des contrôles plus poussés et plus nombreux soient réalisés afin de mesurer la qualité de l’eau, mais aussi pour faire respecter l’interdiction d’utilisation des pesticides.
Je compte sur vous.
[1] Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
[2] https://www.anses.fr/fr/system/files/LABORATOIRE2022AST0255Ra.pdf
[7] https://nj.gov/health/eoh/rtkweb/documents/fs/0415.pdf
[12] https://www.nicematin.com/vie-locale/leau-potable-dantibes-a-nouveau-contaminee-par-du-plomb-796456
[17] https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/usages/eauOrga.html
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