Manifeste des membres du Cercle de lecture du Non-Concours littéraire de genres courts en écritures inclusives, sacre du printemps 2024.
Manifeste mis en voix par Pauline Dupuis :
https://video.liberta.vip/w/qeSFT5b11xprTB2GAjEWgY
MANIFESTE « La langue n’appartient à personne... »
La langue est au service de celleux qui s’en servent pour dire ce qu’iels veulent, comme iels peuvent. À de nombreux titres, elle est ainsi un instrument de libération.
Mais la langue est aussi un champ de bataille. Depuis toujours, les instances dominantes cherchent à imposer LEUR “bon usage”. Comme si seule était légitime læ locutaire qui s’exprime selon leurs règles.
Derrière le fallacieux prétexte de préserver la langue, cette instrumentalisation poursuit en réalité au moins 2 objectifs visant à préserver les conditions de l’actuelle suprématie patriarcale :
- discriminer celleux qui ne maîtrisent pas le bon usage pour disqualifier a priori leurs paroles dans l’espace public ;
- rendre impensable l’abolition de relations de domination en privant les locutaires des mots et des tournures nécessaires pour la dire ou la penser.
Récemment, cette stratégie a connu en France un nouveau développement avec, le 30 octobre dernier, la proposition de loi du sénat d’interdire aux organismes privés, entreprises ou associations “l’écriture inclusive” (sic !) dans l’espace public.
Ce qui montre une flagrante ignorance du sujet par le conseil des anciens :
- il n’existe pas une écriture inclusive, mais différents usages inclusifs de la langue, dont certains ont court dans les expressions les plus ordinaires, y compris la bouche des autorités qui prétendent les interdire. Pensez aux noms de métiers féminisés (« infirmiers-infirmières »), pensez aux « Françaises, Français, travailleurs, travailleuses », etc.
- Au-delà de son inculture, ce pilotage hétéro-normatif repose sur l’inaltérable intention de déposséder de la langue celleux pour qui elle est l’unique recours – légitime – susceptible d’exprimer leurs situations, leurs aliénations...
Nous nous inscrivons en faux contre cette nouvelle tentative d’abus des pouvoirs.
Les mots libèrent
Les entraver fait violence
Et, puisque l’argument affiché est celui de l’esthétique et de la lisibilité, nous nous proposons ici de faire œuvre de littérature.
La beauté dans l’œil qui regarde,
dans le regard qui lit,
dans la lecture qui ré-écrit la beauté...
En langue ou en littérature, les nouvelles donnent à revivre, la poésie donne à ressentir. Et si les textes recueillis au printemps par notre cercle de lecture ne plairont pas toujours à tous les publics, ils interrogeront en tout cas le monde observé : celui où nous vivons.
Par ces Floralies, nous participons à des pratiques vives avec la claire conscience de leur double portée, éthique et esthétique.
La langue n’appartient à personne.
La langue appartient à toustes !
Et cela suffit.
ABCeditions.org
Littératures en écritures inclusives : quel·s impact·s ?
LA LANGUE N’APPARTIENT À PERSONNE
https://video.liberta.vip/w/qeSFT5b11xprTB2GAjEWgY
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