Cher Gouvernement, chers gourmands, gourmandes, client·es,
Nous sommes restaurateur·rices, traiteur·es, cuisinières et cuisiniers, gérant·es de bars. Nous nous trouvons confronté·es à des défis sans précédent. Des défis qui mettent en péril notre profession, notre savoir-faire mais aussi notre équilibre de vie et notre santé mentale. Nous sommes épuisé·es, notre amour pour notre métier s'effrite malgré notre dévouement.
Les raisons qui poussent les gens à venir dans nos établissements sont multiples : se parler, se faire plaisir, célébrer, rencontrer, séduire, savourer, découvrir... S’extirper du train-train quotidien et passer un bon moment.
Nous trouvons notre épanouissement dans le fait même d’offrir à nos client·es ces bons moments. Les observer vivre dans notre endroit, avoir des discussions animées autour d’un plat, apprécier ce qu’on leur a servi comme un vin sélectionné avec soin et recueillir leurs impressions à la fin du repas… Tout ça nous stimule et donne du sens à notre travail.
Cependant, depuis plus d’un an, cela ne suffit plus à entretenir notre passion.
Le slogan des agriculteur·rices : "On vous nourrit mais nous on meurt" résonne plus que jamais avec notre réalité.
Malgré notre volonté de proposer des produits de qualité, durables et éthiques tout en maintenant des prix honnêtes, les défis économiques tels que la pandémie de Covid-19, l'augmentation des coûts énergétiques, des salaires, des loyers et des denrées alimentaires, mettent nos valeurs et principes à rude épreuve.
Aujourd’hui, on le crie : ce n’est tout simplement plus tenable d’être restaurateur·rice en Belgique! Nous sommes trop nombreux·ses à ne plus pouvoir se rémunérer. Tout ça pour payer taxes, cotisations et charges sociales. Les factures s'accumulent sans que nous puissions les honorer à temps. Engager des employé·es devient quasi impossible financièrement. Les huissier·ères sont à nos portes.
Imaginez un instant le paysage bruxellois dépouillé de ses restaurants et comptoirs favoris… C'est vers cette réalité que nous allons. Quel avenir pour les jeunes entrepreneur·es plein·es d'espoir et d'énergie?
Chaque semaine, de nombreux établissements ferment. Le métier se meurt sous nos yeux et nous nous sentons impuissant·es et peu soutenu·es. Si cette situation perdure, notre secteur ne sera pas le seul à en subir les conséquences. Les partenaires du secteur alimentaire : grossistes, distributeur·rices de boissons, mais aussi petit·es artisan·es avec lesquel·les nous travaillons, risquent également d'en pâtir.
Nous sommes le dernier rempart avant la malbouffe !
Nous exhortons donc les gouvernements à accorder une attention toute particulière à nos préoccupations, à collaborer avec nous pour explorer des solutions et à nous donner la possibilité de maintenir nos établissements ouverts sans nous sacrifier pour autant. Nous serons alors mieux équipé·es pour continuer à vous accueillir toutes et tous avec le sourire, et l’esprit plus serein.
UPDATE A LA LETTRE OUVERTE - 8 MAI 2024
Suite à cette lettre ouverte, nous avons décidé de revendiquer certains points afin de maintenir les niveaux d'emploi, de rémunérer équitablement nos employés, d'équilibrer nos modèles économiques pour assurer des paiements ponctuels à nos fournisseurs, et nous garantir un salaire décent. En tant que second plus grand pourvoyeur d'emplois du secteur privé en Belgique, les demandes de l’Horeca requièrent une réponse. Nous demandons une réduction de la TVA, une baisse des cotisations patronales, la pleine redistribution des pourboires à nos travailleurs, et simplement la possibilité d'être rentable lorsque nos établissements sont prospères.
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