Depuis de nombreuses années, plusieurs personnalités du monde scientifique tirent la sonnette d’alarme sur les répercussions catastrophiques de l’utilisation des pesticides, aussi bien en matière écologique que sanitaires.
Parmi les pesticides, il en est un, hélas, que les Antillais connaissent bien : le chlordécone, un pesticide particulièrement utilisé pendant une vingtaine d’années dans les cultures locales.
Fermer les yeux pour quelques bananes de plus...
Le chlordécone, pesticide dont l’ultra toxicité a toujours été connue, a été utilisé à grande échelle en Martinique et en Guadeloupe, entre les années 70 et les années 90.
Il aura fallu plus de 20 ans pour que son utilisation soit interdite par la France, et ce, malgré le classement du chlordécone comme substance cancérigène par l’OMS en… 1979 !
En 2019, Bernard Crutzen réalise un documentaire sur le sujet : « Pour quelques bananes de plus – Le scandale du chlordécone ».
Ce documentaire retrace le parcours de ce pesticide, reconnu toxique depuis les années 50 par les agriculteurs américains.
Bien que dangereux, le chlordécone a pourtant bien voyagé dans le monde entier, dans un seul et unique but : le profit.
Le documentaire de Bernard Crutzen a été récompensé le 27 avril 2020 par une mention spéciale de l’Institut de la Francophonie pour le Développement durable, lors de la 36e édition du Festival de cinéma Vues d’Afrique, à Montréal.
Que raconte le documentaire « Pour quelques bananes de plus – Le scandale du chlordécone »??
Bernard Crutzen a effectué avec patience et ténacité un travail colossal de recherches et de témoignages.
Il a pu ainsi retracer la vie du chlordécone, de sa création par un laboratoire américain, son refus par les agriculteurs eux-mêmes (le jugeant déjà trop toxique…), son exportation aux quatre coins du globe… jusqu’à son interdiction.
Conditions de fabrication, de stockage et d’utilisation… Toute l’histoire du chlordécone est décortiquée dans ce documentaire.
L'impact dramatique du pesticide sur l’environnement et sur l’être humain (comme le résume si bien Monsieur Serge Letchimy, Député de la Martinique) saute aux yeux à chaque minute.
Et pourtant, quand on voit le nombre d’organisations internationales sanitaires qui ont fustigé ce pesticide depuis les années 70, comment peut-on expliquer que la France a laissé faire ce drame écologique, à grand renfort de dérogations pour en permettre l'utilisation ?
Étonnamment, les autorités alors en place se perdent en justifications bien faibles, sans chercher à suivre avec précision les règles d’utilisation ou de dispersion dans les Antilles, et malheureusement dans bon nombre d’autres pays à travers le monde.
Le Chlordécone, perturbateur endocrinien présent dans le sang de 90 % des Antillais
Pour celles et ceux qui l’ignoreraient, le chlordécone est un insecticide organochloré, c’est-à-dire un composé de synthèse à forte toxicité, utilisé la plupart du temps comme pesticide, fongicide et même comme solvant !
Certes interdite depuis plusieurs années, cette substance détruit les écosystèmes et s’infiltre dans les sols, les nappes phréatiques, contaminant tout sur son passage, jusqu’à l’être humain.
Rappelons que la présence de chlordécone perdure dans l’environnement durant… 700 ans !
Agissant comme perturbateur endocrinien, le chlordécone est montré du doigt aux Antilles, jouant le rôle principal d’une augmentation fulgurante du nombre de cancers (et notamment du cancer de la prostate) ou de naissances prématurées.
Les chercheurs estiment que plus de 90 % des habitants de la Guadeloupe et de la Martinique en possèdent des traces dans leur organisme.
Madame la Ministre des Outre-mer,
que comptez-vous faire pour protéger les Antillais de ce fléau ?
Vous avez connaissance des ravages causés par le chlordécone aux Antilles.
Si vous n’êtes pas responsable de son utilisation à cette époque, vous ne pouvez que comprendre la détresse de la population locale face à l’ampleur de la désintoxication, vitale pour les générations futures.
Nous vous demandons donc de prêter une oreille attentive à notre plainte, mais surtout de tout mettre en œuvre pour :
- effectuer mesures et analyses nécessaires afin de définir les zones les plus contaminées et favoriser l’interdiction de ces zones à la population
- mettre en place tous les moyens nécessaires à la désintoxication globale de toutes les îles des Antilles
- assurer la protection de tous les Antillais durant toutes ces étapes
Ce n’est pas parce que le chlordécone n’est plus utilisé depuis longtemps qu’il n’est pas, encore aujourd’hui, responsable de graves troubles de santé, chez toutes les personnes contaminées par l’eau et la nourriture polluée par cet insecticide ravageur.
La rentabilité et le profit n’expliquent pas tout et n’excusent rien.
Voilà pourquoi il est urgent de signer cette pétition pour une intervention rapide et globale.
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