Ma grand-mère disait toujours « plutôt mourir que partir dans un mouroir !!! »
Et pourtant, si elle avait su…
Si elle avait su qu’elle passerait les 7 dernières années de sa vie dans un EHPAD… 7 années de bagne… elle aurait surement préféré que l’AVC l’emporte.
Mais voilà, ma grand-mère avait un cœur de jeune fille. Si solide que même l’AVC qui la laissa paralysée du côté droit ne réussit pas à la terrasser.
Cette femme forte, indépendante, intelligente, pudique, se retrouva du jour au lendemain à la merci de personnes certes toutes pleines de bonne volonté, mais complètement dépassées par le nombre de résidents lourds qu’elles devaient soigner.
Pour ma grand-mère ce fut le parcours du combattant. L’EHPAD de son village la refusa car son cas était trop lourd pour eux. Ils préféraient les personnes âgées plus « mobiles ».
On lui trouva finalement un EHPAD, loin de chez elle, loin de chez nous.
A la tristesse de la voir emprisonnée dans son propre corps s’ajouta la culpabilité de ne pas pouvoir aller la voir tous les jours à cause de la distance.
Ma première réaction en entrant dans le hall de son EHPAD fut l’envie de vomir. Il y régnait une forte odeur d’excréments.
C’était insoutenable !
On plaça tout d’abord ma grand-mère dans une chambre avec une personne sénile. Elle qui aimait tant discuter … Elle était paralysée oui, mais avait gardé toute sa tête…
Sa couche était changée 3 fois par jour à heures fixes. Tant pis si elle baignait des heures dans son pipi voir pire, pas assez de personnel pour faire plus. Elle a rapidement eu des érythèmes fessiers qui la faisaient beaucoup souffrir.
Sa carafe d’eau était toujours mise de son côté paralysé. Elle n’aurait pas pu se verser un verre toute seule de toute façon. Qui la faisait boire lorsque nous n’étions pas auprès d’elle ? Je ne voyais passer personne pendant des heures lorsque je lui rendais visite.
Puis, la maltraitance, sous la forme de la négligence, s’intensifia.
C’était le 31 décembre.
Le téléphone sonne. On nous dit qu’elle est tombée de son lit, sur la tête, en début de soirée, et qu’elle ne passera probablement pas la nuit.
Une des barrières de son lit s’est soi-disant ouverte toute seule...
Ma grand-mère s’en sortit, après des jours passés dans un demi coma… avec encore plus de séquelles qu’avant.
1 an plus tard, en arrivant à l’EHPAD, je vis une ambulance emmener une personne âgée.
Je pensais « la pauvre petite vieille ! »
En m’approchant, je découvris ma grand-mère, en très grande détresse et souffrance, à peine consciente.
Les infirmières avaient fait bloc contre les 3 médecins de l’EHPAD qui ne voulaient pas faire examiner ma grand-mère à l’hôpital.
Apparemment, ça ne servait à rien. Elle allait y perdre son temps. Le diagnostic était clair : une phlébite !
Au bout de 2 semaines d’anticoagulants, ma grand-mère soufrait toujours le martyr et son état empirait !
Les infirmières avaient fini par appeler l’ambulance contre l’avis de leurs supérieurs.
Diagnostic final : … AUCUNE phlébite mais… une jambe cassée !!!!
Comment s’était-elle cassée la jambe alors qu’elle ne pouvait pas bouger ? Mystère…
Comment les médecins avaient-ils pu diagnostiquer une phlébite sans faire d’écho-doppler ? Mystère …
Le médecin urgentiste était atterré par tant de négligence.
Le cas de ma grand-mère n’est malheureusement pas isolé comme l’a montré la longue enquête dans 3 EHPAD à but lucratif d’Envoyé Spécial[1].
Plus de 700 000[2] personnes de plus de 60 ans vivent dans une maison de retraite.
Travailler dans un EHPAD est une souffrance pour le personnel ou les conditions de travail, à la chaine, dégénèrent. Ils ont un taux d’absentéisme et d’accident du travail record.[3] Mais c’est aussi une torture pour les résidents qui sont traités comme des numéros.
Le prix payé par les résidents est en moyenne bien plus élevé que leur retraite (entre 2000 et 3000€ par mois.)[4] [5]
L’écart abyssal entre ce prix et la qualité des services est incompréhensible.
C’est surtout inacceptable !
Il faut absolument améliorer les conditions de vie de nos aînés, mais aussi améliorer les conditions de travail du personnel soignant.
Le nombre de personnes accueillies augmente plus vite que le nombre de places en EHPAD.
En 2070 le nombre de personnes de plus de 75 ans aura doublé, et celui de plus de 85 ans aura quadruplé.[6]
Nous devons lutter pour la dignité de nos proches traités de façon inhumaine.
Nous devons aussi lutter pour notre dignité car nous serons les personnes âgées de demain…
Je demande donc au gouvernement :
- d’interdire les EHPAD à but lucratif. On ne profite pas sur le dos des personnes en détresse ;
- d’augmenter le nombre de personnel sur le modèle des pays scandinaves ;
- d’augmenter le salaire du personnel soignant ;
- des normes strictes d’hygiène ;
- plus de contrôles des agences régionales de santé.
Je vous en prie, signez cette pétition pour faire bouger le système. Nous ne pouvons plus fermer les yeux. Nous ne pouvons plus laisser nos grands-parents, nos parents, souffrir et mourir dans une totale indifférence !
[2] Â https://sweet-home.info/marches-silver-economie-business/medico-social/c-est-quoi-le-probleme-avec-ehpad/
[3] Â https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/30/greve-dans-les-ehpad-le-grand-age-a-besoin-de-solutions-perennes_5249085_3232.html
[4] Â https://www.sudradio.fr/societe/ehpad-le-probleme-ce-nest-pas-le-cout-de-fonctionnement-mais-le-financement
[5] Â https://sweet-home.info/marches-silver-economie-business/medico-social/c-est-quoi-le-probleme-avec-ehpad/
[6] Â https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/30/greve-dans-les-ehpad-le-grand-age-a-besoin-de-solutions-perennes_5249085_3232.html
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